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Les corridas bientôt interdites?

Deux députées, une socialiste et une UMP, ont décidé, fait rare à l'Assemblée, d'unir leurs forces pour déclarer la guerre aux corridas et aux combats de coqs, "des spectacles barbares", selon elles, que la France du XXIème siècle ne doit plus tolérer.

Geneviève Gaillard (PS) et Muriel Marland-Militello (UMP), respectivement présidente et vice-présidente du groupe d'études parlementaire sur la protection des animaux, ont présenté mercredi à la presse une proposition de loi commune visant à interdire, de fait, ces pratiques.
Leur texte entend supprimer les dérogations prévues au Code pénal -qui punit de deux ans d'emprisonnement et de 30.000 euros d'amende les "sévices graves" infligés aux animaux- pour les corridas et les combats de coqs "lorsqu'une tradition locale ininterrompue peut être invoquée".

Quelque 700 taureaux seraient tués chaque année en France lors d'une centaine de corridas (sud). Les combats de coqs sont, eux, encore courants dans le Nord et en outre-mer.

"C'est un combat humaniste soutenu par une large majorité de Français. Nous voulons montrer toutes les deux qu'il y a des moments où on sait dépasser les clivages politiques pour défendre une noble cause", a déclaré Mme Marland-Militello.

Leur texte doit toutefois encore être inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée, soit par le gouvernement, soit par un groupe parlementaire, ce qui est loin d'être acquis. "Pour l'instant, c'est silence radio" de la part des patrons des députés UMP et PS, Jean-François Copé et Jean-Marc Ayrault, a reconnu Mme Gaillard.
"Ce silence ne pourra pas durer éternellement", veut croire sa collègue. Surtout, les deux femmes misent sur leur démarche transpartisane pour faire aboutir le texte. "Ensemble, on gagnera plus facilement", insiste Mme Marland-Militello.

Sous la précédente législature, la députée UMP des Alpes-Maritimes avait déposé une proposition de loi similaire, qui n'a pas abouti. Ses collègues pro-corrida avaient demandé son exclusion du parti au président de l'Assemblée d'alors, Jean-Louis Debré.
"Ils avaient aussi écrit à Michèle Alliot-Marie, dont mon mari était le directeur de cabinet, pour dire que j'étais instrumentalisée par une secte ! Aujourd'hui, avec mon alliance avec Mme Gaillard, ils disent que je suis traître à la cause UMP", raconte-t-elle.

Les deux élues dénoncent le poids des "lobbies" pro-corrida, avec leurs relais à l'Assemblée, "minoritaires mais terriblement agissants", qui feront tout pour que le texte n'arrive pas en séance publique.

Elu d'un département (le Gard) à forte tradition tauromachique, Jean-Marc Roubaud, signataire du texte, a témoigné avoir été l'objet "pas d'une fatwa mais presque" de certains élus locaux.

La proposition de loi a déjà été cosignée par 12 députés, dont les socialistes Julien Dray et Gérard Bapt (PS), l'UMP Lionnel Luca et François Rochebloine (Nouveau Centre).

Les députées ont aussi dévoilé la création d'un "collectif des vétérinaires opposés à la corrida". Plusieurs de ces médecins étaient présents pour témoigner de "la souffrance totale, physique et psychique" des taureaux.
Jean-Paul Richier, psychiatre, s'est lui employé à démonter un à un les arguments des pro-corrida (économique, sociétal, esthétique...) notamment celui qui consiste à dire que la tauromachie est un "exutoire à la violence".

AFP
Publié le jeudi 10 juin 2010 à 16h22

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