Julien Cadoret - Corpus Christi

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Exposition Monographique de l'artiste Julien Cadoret
"Entre Julien Cadoret et Jésus Christ, au-delà de leurs initiales communes, les ressemblances sont rares. Un postulat assez évident pour qui connaît l’artiste plasticien, le performeur, le chargé d’action culturelle, le commissaire d’exposition, l’organisateur d’Excentricités (rencontres internationales étudiantes de la performance), le professeur. Au-delà de la liste des choses qu’est (ou que fait) Julien Cadoret, il faudrait ajouter comme un point final, ou plutôt un point de départ, qu’en plus de tout ça Julien est un corps.
Si l’assertion peut sembler évidente, il faudrait toutefois rappeler que si nombre d’entre nous sont fières de posséder un corps, peu s’autorisent à en être un. La réflexion sur le corps est pour Julien Cadoret une question centrale, que ce soit dans sa pratique de la performance ou son travail de commissaire d’exposition et de chercheur, et s’étend à l’ensemble de son œuvre. Même quand ils sont absents, tels des fantômes, les corps restent omniprésents partout.

Le titre de cette exposition monographique, Corpus Christi, pourra paraître obscur aux visiteurs, voir provocateur ou prosélyte. Il n’est pourtant qu’un regard, une interprétation, et une lecture de l’influence qu’ont pu avoir les grandes religions monothéistes sur nos sociétés, sur nos corps, au travers de leurs influence culturelles et artistiques, de l’antiquité à nos jours : car alors que dans la Bible, Jésus, tendant le pain, dit « Prenez et mangez, car ceci est mon corps », notre société objective elle aussi des humains, créant des laissés-pour-compte partout qu’on ne saisit souvent que comme une donnée statistique de plus. Et Julien Cadoret objective aussi des corps : ceux des sculptures de vierges Marie qui s’accumulent par centaines, mais aussi le sien, pour les regardeurs de ses performances, devenant homme-ballon, homme-parapluie, homme-sushi. Et alors que le fidèle saisissant le pain répond « Corpus Christi », et que notre société et ses individus sacralisent et idolâtrent aussi tant d’objets, des chefs d’œuvres de la peinture et de la sculpture aux vêtements de grandes marques et aux smartphones dernier cri…, Julien Cadoret sacralise lui des mini-motos chinoises, ou des cartes de fidélités falsifiées.
Ce résumé un peu manichéen sera sans doute trop court et caricatural, car Julien Cadoret n’est pas moraliste, il est artiste : son œuvre pose des questions, sans offrir aucune réponse absolue, sur ce que nous sommes en tant qu’humains, en tant que société, ou en tant que corps. Un corps qu’il sacralise parfois en ne le montrant pas, comme les corps du peuple grec victime de la crise qu’on devine dans les photographies de panneaux publicitaires en ruines, ou un corps qu’il désacralise en le montrant, comme ces vierges qui redeviennent objets : une icône, détruite par sa propre répétition, sans violence.

En définitive, il n’y a dans cette exposition que des corps, qui s’agitent ou qui se cachent, qui se révèlent ou qui se devinent, mais qui de toute manière, surtout, nous bousculent. "

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